Claire Marsol, condamnée pour humanisme

Claire Marsol, condamnée pour humanisme

Vous trouverez ci-dessous deux articles à propos de la condamnation de Claire Marsol, le premier est issu de l’Humanité, le second du Monde.

Article de l’Humanité

Une citoyenne solidaire des réfugiés bloqués à la frontière franco-italienne comparaît aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Grasse pour avoir transporté dans son véhicule deux jeunes Érythréens. Des militants venus de toute la France viennent témoigner de leur solidarité.

Claire Marsol

Claire Marsol

Elle a voulu aider deux jeunes réfugiés. Elle doit en répondre devant la justice ! À 72 ans, Claire, maître de conférences à la retraite, comparaît aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Grasse. Sa faute ? Avoir transporté dans son véhicule deux jeunes Érythréens, de la gare de Nice jusqu’à celle d’Antibes (Alpes-Maritimes), afin qu’ils puissent prendre le train. Un geste anodin qui lui vaut d’être poursuivie pour, selon l’acte d’accusation, avoir « facilité, par aide directe ou indirecte, l’entrée irrégulière, la circulation irrégulière, le séjour irrégulier de deux étrangers en France »… En clair, d’être un passeur.

L’affaire s’est déroulée le 13 juillet dernier. Avec une vingtaine d’autres personnes, Claire, qui milite à Habitat et citoyenneté, une association d’aide aux migrants en situation précaire, est venue à la gare de Nice prêter main-forte. Et constater surtout les irrégularités commises par les forces de l’ordre à l’encontre des réfugiés, depuis la fermeture de la frontière franco-italienne, le 9 juin. De nombreuses associations témoignent en effet de contrôles au faciès systématiques à l’intérieur des trains reliant Vintimille à la France et d’expulsions, dont de nombreux mineurs isolés, vers l’Italie, en dehors de tout cadre légal.

« Je suis arrivé à la gare de Nice, à 11 heures, explique Hubert Jourdan, militant également à Habitat et citoyenneté et témoin au procès. Claire était devant les bureaux de la police aux frontières en compagnie d’un jeune Érythréen de 15 ans et d’une jeune femme à peine plus âgée. Lui voulait se rendre à Dijon et elle à Paris. Nous étions rentrés en contact avec des connaissances qu’ils avaient sur place. Bien qu’ils aient tous les deux leur titre de transport, la PAF leur a interdit d’accéder au train. On a alors décidé que quelqu’un devait les accompagner à la gare d’Antibes. » Claire se porte volontaire et fait monter les deux personnes en quête de refuge dans sa voiture. Vingt minutes plus tard, arrivée à Antibes, la police l’arrête. Après un rapide contrôle d’identité, elle est sortie du véhicule, menottée et conduite dans un commissariat de Nice. Peu après, on l’accompagne chez elle, bracelets métalliques toujours aux poignets, pour y mener une perquisition. Rien. Retour à la capitale azuréenne où elle passe 24 heures enfermée dans une des sordides cellules de la caserne Auvare… Elle en ressort avec une convocation au tribunal.

Pour Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés, cette affaire est « le signal que Manuel Valls a menti quand il affirmait que le délit de solidarité n’aurait plus court en France ». Appelé aussi à témoigner à la barre du tribunal, l’avocat compte y faire l’historique des faits qui a mené à la modification, par la loi du 31 décembre 2012, du Code des étrangers. Le texte, depuis, permet à la justice de faire la distinction entre un trafiquant qui s’enrichit sur la détresse d’un réfugié et un citoyen solidaire qui tend la main à son semblable. « La comparution de Claire est donc injustifiée au regard de la loi », souligne aussi Me Sarah Ben Kemoun, chargée de défendre la militante. Une quinzaine d’associations et syndicats se sont également donné rendez-vous à Grasse pour exprimer leur consternation. « Nous sommes des centaines à quotidiennement venir en aide à des réfugiés, rappelle Stéphane Maugendre. Si nous le faisons, c’est parce que l’État est totalement défaillant quant à l’accueil des étrangers. » Pas pour s’enrichir sur le dos des exilés.

Auteur : Emilien Urbach
Source : L’Humanité

Article du Monde

Une militante niçoise de l’association Habitat et Citoyenneté a été condamnée, vendredi 18 décembre, à 1 500 euros d’amende par le tribunal de Grasse (Alpes-Maritimes) pour avoir facilité le séjour et la circulation de deux Érythréens en situation irrégulière.

Le 13 juillet, Claire Marsol, maître de conférences à la retraite, âgée de 72 ans, était venue avec d’autres membres de son association observer la situation des migrants en gare de Nice, en plein afflux de réfugiés.

Dénoncée par un agent de la SNCF

Sollicitée par un mineur puis par une jeune femme, elle avait décidé de les emmener à la gare suivante, à Antibes, pour les soustraire au contrôle policier exercé ce jour-là dans la gare de Nice. Dénoncée par un agent de la SNCF, elle avait été arrêtée, placée en garde à vue et son domicile perquisitionné.

Soutenue par de nombreux militants associatifs, Claire Marsol, qui a réuni plus de 3 700 signatures dans une pétition en sa faveur, a expliqué au tribunal avoir agi« pour préserver la dignité et l’intégrité physique de ces personnes ».

La loi du 31 décembre 2012 offre aux personnes aidant des migrants une immunité pénale, à condition de ne pas avoir été rétribué et dans certaines limites. L’immunité s’applique notamment aux personnes ayant fourni de la nourriture, un hébergement, des conseils ou soins médicaux, ou ayant agi dans le cas où l’intégrité et la dignité des personnes sont menacées. Le procureur, qui avait requis 2 000 euros d’amende avec sursis, a estimé que la soustraction de personnes à un contrôle policier ne relevait pas de cette immunité. La prévenue a dix jours pour faire appel.

Auteur : inconnu
Source Article du 18 décembre 2015 sur le site du Monde

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